Le « Blue Monday » : prendre soin de sa santé mentale

Le "Blue Monday" : prendre soin de sa santé mentale
Partager sur:

« Blue Monday » est le nom donné au jour le plus « déprimant de l’année ». Cette notion, finalement dénuée de fondement scientifique, est cependant l’occasion de revenir sur des pathologies génératrices de souffrance, dont l’incidence a augmenté pendant la pandémie.

L’anxiété et la dépression sont ainsi les troubles psychologiques les plus communément observés. Elles peuvent avoir des conséquences graves sur votre vie quotidienne et aboutir à des situations dramatiques.

Balayez les idées reçues, apprenez à les reconnaître, et agissez !

1. LE TROUBLE ANXIEUX

Tout le monde éprouve un jour ou l’autre de l’anxiété. Il s’agit d’une réaction normale, héritée de la préhistoire, qui a permis à l’Homme de faire face à des événements stressants et de se sortir de situations dangereuses, par une adaptation naturelle du fonctionnement de l’organisme. En cas d’anxiété, le corps se prépare à une réaction de fuite : augmentation du rythme cardiaque et du rythme respiratoire, contractions musculaires, sensation de danger imminent. Dans notre société, même si les causes d’anxiété sont différentes, le mal-être est bien présent et touche plusieurs millions de personnes à travers le monde.

Des changements brutaux dans votre mode de vie peuvent créer des symptômes en lien avec cette pathologie : un mariage, un divorce, un examen, une épreuve sportive, un entretien, un deuil… L’anxiété qui est alors liée à un événement spécifique disparaît généralement à la levée de celui-ci.

Mais souvent, la cause de l’anxiété est difficile à identifier et nécessite de faire appel à un professionnel.

Quand s’inquiéter ?

L’anxiété devient un problème quand :

  • Elle ne disparaît pas lorsque la situation préoccupante revient à la normale,
  • Lorsqu’elle occasionne un niveau de détresse important,
  • Quand elle apparaît à priori sans raison,
  • Lorsqu’elle empêche de fonctionner normalement au travail, en société, ou dans d’autres domaines de la vie quotidienne.

Les principales formes de troubles anxieux sont :

La crise d’angoisse : il s’agit de l’installation rapide et brutale de symptômes psychologiques et physiques. Sensation de mort imminente, accélération du rythme cardiaque, oppression dans la poitrine… C’est un « coup de tonnerre dans un ciel serein ». Les symptômes disparaissent généralement en quelques heures, mais leur impact est important.

Les phobies : une anxiété chronique peut faire apparaître des phobies : phobie des espaces clos (claustrophobie), phobie des espaces publics (agoraphobie), phobie de la conduite automobile (amaxophobie)…

L’anxiété sociale : c’est la peur d’être en groupe ou de communiquer avec d’autres personnes ;

Le trouble panique :  Dans le trouble de panique, les crises d’angoisses se succèdent, intensément, fréquemment, rendant le quotidien instable.

L’anxiété généralisée : tout élément du quotidien devient un facteur de stress. Le niveau d’angoisse est élevé en permanence et le déclenchement des crises d’angoisse est favorisé.

Les symptômes des troubles anxieux :

Voici les symptômes les plus fréquents du trouble anxieux :

-Fatigue excessive ;

-Insomnies, difficultés d’endormissement, réveils nocturnes ;

-Maux de tête, étourdissements, vertiges et parfois malaise ;

-Nausées, diarrhées, ou inconfort abdominal ;

-Palpitations cardiaques ou accélération du rythme cardiaque (tachycardie) ;

-Sensation d’étouffement ou d’étranglement ;

-Transpiration excessive, bouffées de chaleur ou au contraire, frissons ;

– Pression artérielle élevée ;

– Tremblements ou secousses musculaires parfois généralisés à tout le corps ;

– Sensation d’oppression dans la poitrine, de serrement ;

– Engourdissements ou picotements dans les membres ;

– Difficultés de concentration ou de mémorisation ;

– Sentiment d’inquiétude, de peur, notamment de mourir.

Quand consulter ? Au plus vite

N’attendez pas que les symptômes du trouble anxieux vous empoisonnent la vie. Si on les laisse s’installer, ils peuvent impacter durablement vos activités habituelles. Vous pouvez consulter un médecin pour obtenir un diagnostic précis.

Il pourra évaluer le stade de gravité du syndrome anxieux, éliminer une autre pathologie qui pourrait présenter des symptômes similaires et vous proposer un plan de traitement.

Les traitements du trouble anxieux : une maladie qui se soigne

Il existe de nombreux traitements reconnus pour pouvoir vivre « normalement » lorsque l’on souffre d’un trouble anxieux. Ces traitements permettent de reprendre le contrôle de sa vie et de ses activités quotidiennes.

Dans la majorité des cas, les troubles anxieux se traitent efficacement par des soins psychologiques, parfois en groupe. Une psychothérapie, de la méditation, de la sophrologie, ou une combinaison personnalisée de certains de ces traitements peuvent aider.

Dans tous les cas, plus vous consultez tôt, meilleures sont vos chances de réussite.

Le suivi psychologique : un incontournable

Les experts recommandent le recours aux thérapies cognitivo-comportementales pour traiter les troubles anxieux.  Il s’agit de modifier votre système de pensées, vos croyances et vos réflexes, pour vous aider à adopter des comportements efficaces (et non excessifs) face à des situations anxiogènes. Un suivi psychologique peut aussi vous aider à comprendre l’origine du problème et vous apporter les clés qui vous permettront de le résoudre.

Les médicaments contre l’anxiété : une aide parfois indispensable

Ils ont mauvaise presse et pourtant les différents médicaments qui peuvent être utilisés pour traiter les troubles anxieux sont redoutablement efficaces.

On distingue les traitements de « fond », et les traitements des « crises » qui y sont souvent associés :

  • Le traitement de « fond » : Dans le traitement du trouble anxieux, un médecin peut être amené à vous proposer un médicament antidépresseur qui est à la fois un anxiolytique, pour diminuer votre niveau de stress au quotidien. Ils servent à rétablir l’équilibre chimique du cerveau, pour éviter la survenue de crises et ainsi améliorer votre qualité de vie en optimisant le contrôle des émotions et en évitant la survenue de symptômes physiques. Il s’agit par exemple du citalopram ou de l’escitalopram.
  • Le traitement spécifique des « crises » :  les crises peuvent être facilement et rapidement contrôlées par des anxiolytiques à action «rapide ». Ils sont conçus pour diminuer rapidement les symptômes physiques et psychologiques de l’anxiété, lorsqu’ils surviennent brutalement. Ils diminuent quasi immédiatement le stress et permettent de reprendre rapidement le contrôle. Il s’agit par exemple de l’alprazolam ou du tétrazépam.

Les complications du trouble anxieux

Les personnes anxieuses sont quotidiennement en souffrance. Avec le temps, de la tristesse vient s’ajouter à l’anxiété. En l’absence de traitement, une dépression peut donc apparaître et s’installer durablement.

Ils peuvent aussi entrainer une consommation excessive de substances comme l’alcool ou les drogues : c’est alors un problème d’addiction qui vient s’ajouter.

Les conséquences sociales du trouble anxieux sont importantes : irritabilité, colère, conflits avec ses proches ou ses collègues. Malheureusement, les symptômes de l’anxiété et les crises d’angoisse sont souvent mal compris, ce qui aggrave le sentiment d’isolement de la personne souffrante.

 

2. LA DÉPRESSION : un problème de santé publique

« Blue Monday » a principalement pour vocation d’aborder le problème du « blues » hivernal, qui peut toucher la plupart d’entre nous, notamment en janvier.

Mais au-delà des symptômes bénins du « blues », il existe une forme plus sévère de tristesse de l’humeur : la dépression.

Les différentes formes de dépression

Il existe plusieurs formes de dépression, qui sont consécutives à différents facteurs. On distingue :

  • La dépression saisonnière, qui comme son nom l’indique, réapparaît chaque année, au même moment. Dans la grande majorité des cas, les personnes qui en souffrent entrent en dépression chaque hiver. Ce n’est pas un simple « blues hivernal »: ses conséquences sont réelles.
  • La dépression post natale : c’est la présence de symptômes de dépression chez une femme, dans les mois qui suivent son accouchement.
  • La dépression « sévère » ou « majeure » : c’est la forme la plus sévère de la dépression car elle s’installe sur le long terme. Elle est présente pendant au moins deux semaines consécutives et ses symptômes affectent de façon importante le fonctionnement général d’une personne.

Les symptômes de la dépression

Comme dans le cas de l’anxiété, la dépression peut se manifester sous la forme de symptômes physiques et de symptômes psychologiques qu’il est parfois difficile à détecter à la phase initiale.

Les symptômes physiques les plus fréquents sont :

– Une fatigue excessive;

– Un manque d’énergie inexpliqué ;

– Des troubles du sommeil (difficultés d’endormissement ou réveils nocturnes) ;

– Une diminution ou une augmentation de l’appétit (qui peut causer une perte ou un gain de poids) ;

– Des troubles de la libido ;

– Et parfois même des symptômes qui n’ont l’air d’avoir aucun lien avec l’équilibre mental : maux de tête, douleurs du dos, douleurs abdominales, douleurs cervicales, tendinites des coudes ou des épaules…

Sur le plan psychologique, les symptômes les plus fréquents sont :

– Une grande tristesse, quasi permanente (par exemple, la personne pleure souvent);

– Une perte d’intérêt pour la plupart des activités de la vie (sociale, familiale et professionnelle);

– Un sentiment de culpabilité ou d’échec ;

– Une diminution de l’estime de soi ;

– Des troubles de la concentration et de la mémoire ;

– Des difficultés inhabituelles à prendre des décisions.

Dans les cas les plus graves, il peut même apparaître des idées noires et des pensées suicidaires

Il existe de nombreux symptômes possibles et la détection de la maladie est parfois difficile. Un médecin vous aidera à faire le point sur les signes dont vous souffrez et pourra peut-être vous détecter une dépression que vous ignorez.

Quand consulter ?

La dépression est un fléau : ne la laissez pas s’installer.

Si vous ressentez des symptômes qui peuvent s’y apparenter, vous devez contacter rapidement un médecin, en consultation physique ou en téléconsultation.

Il peut vous aider à comprendre votre état, évaluer la gravité de vos symptômes et vous proposer un plan de traitement.

Consultez un médecin notamment si vous ressentez une détresse intense, si vos symptômes vous empêchent de fonctionner normalement ou si vous avez des difficultés à assumer vos responsabilités sociales, professionnelles ou familiales.

Les traitements de la dépression

La dépression se soigne ! Les traitements sont reconnus depuis plusieurs dizaines d’années. Ils permettent aux personnes en souffrance de reprendre le contrôle sur leur vie et sur leurs activités quotidiennes. Comme pour l’anxiété, il faut consulter le plus tôt possible, pour optimiser ses chances de rétablissement.

Attention : les personnes atteintes de dépression sont parfois victimes de leurs propres préjugés et de ceux qui perdurent dans notre société. Ils découragent les personnes atteintes de demander de l’aide ou d’être traitées. Les conséquences des préjugés peuvent être graves. Ne tombez pas dans ce piège et ne culpabilisez pas : parlez-en autour de vous et agissez !

a) La psychothérapie

Comme dans le cas de l’anxiété, une psychothérapie est généralement indispensable pour vous aider à « casser » des modes de pensée négatifs et des comportements problématiques.  Un psychologue vous aidera à envisager vos problèmes sous un autre angle et à trouver des solutions adaptées. On néglige souvent l’impact d’un psychologue sur la souffrance mentale. Pourtant, il est souvent un allié indispensable.

b) Les médicaments contre la dépression

Les antidépresseurs sont les médicaments les plus reconnus pour rétablir l’équilibre du cerveau qui est perturbé lorsque l’on souffre d’une dépression. Il ne faut pas oublier que la dépression ne trouve pas forcément sa cause dans votre quotidien : elle résulte au départ d’un déséquilibre chimique cérébral. Les personnes qui souffrent de dépression ont souvent tendance à culpabiliser. Pourtant, vous êtes aussi responsable de souffrir de dépression, que de souffrir d’une angine !

En rétablissant cet équilibre, les antidépresseurs diminuent l’intensité des symptômes physiques et psychiques et agissent sur les émotions, la mémoire, la concentration.

La dépression ne disparaît pas du jour au lendemain et il vous faudra être patient. Si vous vous sentez mieux, continuez à prendre vos médicaments pour stabiliser la situation. Si vous ressentez des effets secondaires, consultez à nouveau votre médecin pour en discuter et trouver une alternative si c’est nécessaire.

 

3. Prévenir l’anxiété et la dépression : agissez avant qu’il ne soit trop tard !

Si vous présentez des symptômes associés aux troubles anxieux ou à la dépression, vous pouvez agir dès aujourd’hui.

Un médecin peut vous conseiller et vous aider à adopter de bonnes habitudes pour maintenir une bonne santé mentale.

Certains facteurs de risques comme l’hérédité ou les problèmes de santé chronique sont difficilement contrôlables.

En revanche, vous pouvez agir sur certains points : évitez l’abus de substances comme la caféine, l’alcool, ou la consommation de drogues stimulantes comme la cocaïne ou les amphétamines. Essayez de limiter les facteurs de stress dans votre vie quotidienne, qu’ils soient familiaux, sociaux, ou professionnels. Pensez à déconnecter ! Rapprochez-vous de vos proches, et pratiquez une activité physique régulière.

 

4. Recommandations générales concernant la prise de médicaments antidépresseurs et anxiolytiques

Si votre médecin vous prescrit des médicaments antidépresseurs et/ou anxiolytiques, il est important de les prendre en suivant attentivement les indications.

S’ils sont bien utilisés, ils amélioreront indéniablement et durablement votre qualité de vie.

Rétablir l’équilibre du cerveau peut prendre un certain temps : parfois 2 à 4 semaines. Ne vous démotivez pas !

Lorsque vous vous sentirez mieux, vous devrez continuer le traitement comme il vous a été prescrit pour éviter que les symptômes apparaissent de nouveau sous forme d’un effet «rebond».

Si vous ressentez des effets secondaires indésirables, il ne faut pas l’arrêter brutalement mais consulter dès que possible votre médecin, éventuellement en téléconsultation, pour en discuter.

Si c’est nécessaire, il ajustera votre traitement ou vous recommandera une autre molécule.

 

Votre équilibre mental est précieux : profitez de « Blue Monday » pour faire le point et ne pas laisser l’anxiété ou la dépression vous atteindre !